Vous avez dit coaching ?

Rédigé le 17/05/2022
violainedelahaut


Le coaching est en plein essor. Né dans le courant des années 70 aux Etats-Unis et au Canada, il fait ses débuts dans le milieu sportif lorsque le joueur de tennis Timothy Gallwey développe une méthode d’entraînement qui allie l’entraînement physique à la préparation mentale, inédite jusqu’alors. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on associe assez spontanément le coaching au sport. Mais vous l’aurez compris, le coach sportif ne s’intéressera pas qu’à la pratique du sport — ce qui serait plutôt le rôle de l’entraîneur — mais à toute la personnalité du sportif, son état mental, ses motivations, ses peurs, etc… afin de l’amener à être dans les meilleures dispositions possibles pour maximiser sa performance.

Les résultats incontestablement efficaces dans le monde du sport ont rapidement intéressé celui de l’entreprise. Le business est en effet devenu extrêmement volatile, et complexe et on peut aisément faire l’analogie entre le sportif de haut niveau, et le cadre dirigeant ou le chef d’entreprise. Ces derniers se doivent de motiver et inspirer leurs équipes, ils doivent eux-mêmes également se stimuler et trouver leur moteur. Or ils n’ont pas toujours de référent à qui demander de l’aide ou du conseil, ils doivent prendre rapidement des décisions aux enjeux inédits et bien sûr dans un contexte de charge de travail élevée.

Ainsi, le coaching, qu’il concerne l’individu ou l’équipe, n’est ni une formation ni un ensemble de conseils, mais une approche comportementale de la personne concernée. Il se révèle donc très utile pour l’aider à fixer et atteindre ses objectifs, pour lui apprendre à prendre ses distances, à réfléchir et à gérer son stress. Il est précieux dans la reconstruction et le renforcement de l’identité professionnelle. Mais il ne peut, à lui seul, promettre de transformer quiconque en un super manager ni en un athlète de haut vol. Et pourtant, tant de coaches vous promettent la lune ! En réalité, c’est l’arbre qui cache la forêt.

Je prêche contre ma chapelle, me direz-vous ? Pas du tout, je ne suis pas coach et je ne le revendique absolument pas. Je reconnais et respecte la profession, mais je constate qu’on lui prête de plus en plus de super pouvoirs, à la merci de certaines personnes peu scrupuleuses. Oui, mon but est d’accompagner le manager dans sa transformation d’entrepreneur de manière optimale. J’utilise évidemment les techniques de développement personnel telles que la PNL (Programmation Neuro Linguistique) lors de ces accompagnements, ce serait dommage de s’en priver, mais je m’inspire aussi d’autres méthodes afin de garantir un résultat transformationnel idéal.

En effet, je rencontre tellement de gens complètement perdus : ils ont multiplié les formations et les coachings, ils ont accumulés certes énormément de connaissances, mais ils sont incapables d’appliquer les recettes apprises à leur propre cas. Car aujourd’hui, tout le monde peut être coach, avec rien. Je délivre une mention spéciale aux coaches motivationnels qui font de « l’empowerment » de groupe, des gourous. Ils se filment en plein séminaire entrain de chauffer 2000 personnes. Tout le monde y croit, chacun le vit à fond, mais le lendemain que reste-t-il ? Un grand vide. Bien sûr, tous disposent d’un tas d’outils, mais ils ignorent comment s’en servir. Ces personnes-là je les ramasse à la petite cuillère quelques mois après leur séminaire.

C’est d’ailleurs encore plus grave lorsqu’ils ont baigné dans l’obligation de pratiquer la pensée positive à tout prix. Et là où le coaching devrait être efficace, au contraire il fait des dégâts, car il ressemble davantage à de la manipulation. Le coach a le pouvoir pour et non pas le pouvoir sur. Victime de ce genre de gourou, la personne qui n’y arrive pas, culpabilise et se sent encore moins légitime pour s’épanouir pleinement en tant qu’entrepreneur.

C’est prouvé, être optimiste protège l’organisme. Qui n’a jamais vécu cette expérience ? Vous vous sentez patraque, et même un peu malade, quand une bonne nouvelle, un heureux événement, vient soudain réveiller toute votre énergie. Vous voilà tout à coup en pleine forme, et vous courez à l’autre bout de la ville retrouver des amis ou vous abattez en une heure le travail d’une journée. Par contre, soyons vigilent, il ne s’agit pas d’une pensée magique, d’une méthode Coué pour benêts prêts à croire que tout ira toujours mieux dans le meilleur des mondes. La pensée positive doit être englobée dans une approche globale, qui tient compte des ressentis et favorise la mise en action et l’estime de soi, pour être efficace.

Enfin, puisqu’il s’agit d’entrepreneur, j’insiste pour tenir compte du volet financier, trop souvent oublié dans l’équation. Vous voulez être meilleur sportif ? Entourez-vous d’un entraîneur et d’un coach. Vous souhaitez être meilleur vendeur ? Faites appel à un marketeur et à un coach. Vous avez l’ambition de vous lancer dans l’entreprenariat ? Faites-vous accompagner par une personne qui maîtrise les rouages de la finance, des politiques tarifaires et de la fiscalité.

Mon expérience comme directeur financier et auditeur interne dans les grosses structures m’a appris combien structurer son projet était vital. Mes années (+ de 20 ans !) passées à la tête de mon cabinet fiscal et comptable m’ont prouvé à quel point les faillites et les difficultés en tout genre en entreprise sont le résultat de manquements à plusieurs niveaux : humain, organisationnel, décisionnel et financier. Il ne suffit pas d’avoir quelques notions en marketing ni d’être bien dans sa tête et motivé pour réussir en tant qu’entrepreneur, chaque pièce compte pour compléter le puzzle.

Naïvement, je pensais que c’était le rôle du comptable d’accompagner l’entrepreneur dans cette démarche. « Que nenni ! » L’Institut dont dépendait ma fiduciaire m’a gentiment remis à ma place : il est illégal pour un comptable de proposer d’autres services que ceux concernés par la comptabilité et la fiscalité. J’ai donc fais le choix de quitter le métier et la reconnaissance de l’Institut pour créer Copilote. Ceci dit, j’ai mis cette démission à profit pour parfaire mes connaissances en neuroscience et en techniques de développement personnel. Tout n’est donc pas perdu, bien au contraire. Et je poursuis avec bonheur dans cette voie.

Aujourd’hui je suis fière de me dire que j’exerce mon métier grâce à une expérience conséquente, un vécu et un recul sur celui-ci, un coaching personnel pour être moi-même bien guidée, un vrai sens de l’empathie et de l’écoute, une irrésistible envie de faire réfléchir les gens plutôt que de leur donner des recettes toutes faites sorties tout droit d’un bouquin, et … une réelle connaissance de la dimension financière utile à tout entrepreneur.